Changement climatique : L’opportunité d’une révolution culturelle et l’impérieuse nécessité d’adapter nos constitutions

Changement climatique : L’opportunité d’une révolution culturelle et l’impérieuse nécessité d’adapter nos constitutions

Qu’il est enthousiasmant de voir tant de jeunes se mobiliser pour une plus grande prise en compte par les politiques de  » la fragilité de la vie sur terre  »

Le débat entre climato-sceptique et sonneur de tocsin prédisant l’apocalypse est stérile et ne peut engendrer que crises, conflits, augmentation de l’angoisse et des peurs avec les dérives que nous avons connues qui aboutissent à des dictatures et/ou des guerres ;

Une prise de conscience individuelle et collective non seulement de notre chance de vivre sur une « planète vivante », mais aussi des équilibres fragiles des écosystèmes ayant permis le développement de la vie sur Terre, est essentielle pour créer l’adhésion politique du plus grand nombre pour changer/adapter nos modes de fonctionnement.

L’homme est un être historiquement fragile qui a évolué dans la peur de la nature. Mais aujourd’hui, vu le nombre d’habitants et notre capacité technologique et productiviste, il ne fait aucun doute que nous contribuons à sa destruction progressive ou en tout cas à son appauvrissement graduel.

En effet, peu de gens se soucient de l’accélération de la perte de biodiversité ; il ne s’agit pas seulement de la disparition anodine d’une plante ou d’un animal fut-il aussi attendrissant que le Panda, mais de la perte d’un patrimoine (d’un capital) génétique qui a mis des milliards d’années à constituer la « Terre vivante » telle que nous la connaissons et dont l’être humain est un des maillons. Oui, ce n’est qu’en prenant conscience à la fois de notre fragilité, mais aussi de notre immense puissance collective et individuelle d’autodestruction ou de capacité de création que nous pourrons ensemble mettre en œuvre les solutions d’un monde durable.

Notre monde a besoin de cette révolution culturelle par une prise de conscience que nous sommes tels des passagers sur un fragile vaisseau spatial dans l’immensité de l’univers vide de toute vie aussi riche et diversifié que sur notre Terre.

Contrairement à ce qui nous a été enseigné et ce que prône Donald Trump, Président des États Unis dans les négociations internationales, ce n’est pas plus d’esprit de compétition qu’il nous faut, mais plus de coopération afin d’identifier et de mettre en œuvre des modes de vie durable (Voir note sur l’hégémonie du dollar et besoin de plus de multilatéralisme  pour faire vivre les démocraties http://www.leap2020.net/wp-content/uploads/2018/docs/Euroland_LEAP_20180703.pdf)

Les élèves et les enseignants ont raison de se mobiliser, car c’est bien une révolution culturelle qui est nécessaire.

Le généticien Albert Jacquard dans un merveilleux livre  » à toi qui n’est pas encore né  » l’explique très bien en disant à son arrière petit-fils : ton plus grand défi sera de bien utiliser toutes les découvertes scientifiques qu’en si peu de temps nous avons faites et qui donnent aujourd’hui à l’homme une immense capacité de destruction ou de construction; mais rajoute-t-il, ton plus grand ennemi sera toi-même et en particulier ton bulbe rachidien (le cerveau primaire, celui des réflexes et en particulier celui de la peur), car lui n’a pas eu le temps d’évoluer aussi rapidement que nos découvertes scientifiques. Depuis des millénaires, il a appris à avoir peur de la nature or aujourd’hui, l’homme avec tous ses savoirs a acquis la puissance quasi absolue de destruction et de création, qu’il attribuait souvent aux dieux.

Nous savons tous que « l’homme peut être un loup pour l’homme », mais l’homme est aussi capable du meilleur et en particulier d’intelligence pas seulement cérébrale, mais aussi du cœur ; c’est cette énergie qu’il nous faut saluer dans cette manifestation « gratuite » pour le climat, car elle en appelle de manière non-violente à une accélération de la prise de conscience du besoin de cette révolution culturelle, mais aussi de notre grande responsabilité tant individuelle que collective.

Pendant un certain nombre d’années, au WWF France, j’ai pris le maquis d’un système qui imaginait qu’une croissance illimitée serait souhaitable alors que nous vivons dans un monde qui par définition est limité, cela me semblait absurde ; heureusement nous sommes de plus en plus nombreux à le penser.  D’ailleurs, depuis le début des années 1980 (dans nos pays), nous vivons en crise perpétuelle soi-disant par manque de croissance ! Il nous faut changer d’indicateur de performance en utilisant par exemple l’IDH (Indice du Développement Humain) tel que proposé par l’OCDE et l’empreinte écologique et l’indice Planète Vivante tel que publié chaque année par le WWF international.

Par ailleurs pour la survive de nos démocraties, il nous faut urgemment inscrire le droit à un environnement sein dans nos constitutions ainsi que dans nos traités internationaux afin que toute politique s’inscrive dans le respect des grands principes de la vie sur Terre. En cela, je salue les propositions qui sont faites par le groupe d’experts pour une loi sur le climat et en appelle à la création d’états généraux pour la révision de notre constitution.

 

Cedric du Monceau

Ancien DG du WWF France

1 echevin à OLLN

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