Jumeler sans oublier !

Jumeler sans oublier !

Ce jumelage très symbolique et quelque peu anachronique puisque à l’intérieur d’un même pays, nous rappelle que la Belgique a toujours été au confluent des grands mouvements culturels et des peuples qui ont constitué l’Europe.

La Belgique est en cela un laboratoire vivant de ce qui est/sera possible pour faire cohabiter des peuples et des cultures différents au sein d’une même Union Européenne.

Même si aujourd’hui nous jumelons une ville Wallonne avec une ville Flamande, on ne peut que regretter qu’il ait fallu d’abord créer de nouvelles frontières. Que certains voudraient même voir devenir des barrières !

Le Wallon n’a jamais été contre le Flamand, que du contraire, comme nous l’a très justement rappelé indirectement une conseillère communale d’origine flamande qui est la seule à avoir voté contre ce jumelage. La Wallonie est aussi composée de nombreux Flamands qui sont venus s’y installer et y travailler.

Louvain-la-Neuve qui est née d’un rejet est aussi la démonstration vivante que face à l’intolérance et la contrainte, l’intelligence (provenant d’une éducation universitaire) peut faire des merveilles.

Il faut aussi rappeler que l’accueil de l’UCL en terre Wallonne ne se fit pas si facilement puisque Ottignies fut un choix « par défaut » comme l’indique dans ses mémoires Yves du Monceau, le Bourgmestre de l’époque, tant l’acte politique était important mais heureusement totalement soutenu par le PSC/cdH de l’époque et son Ministre André Oleffe, un autre Ottintois qui créa les conditions pour la réussite de ce projet exemplaire de Ville Nouvelle (page 210 -mémoire par Christian Laporte aux éditions Racine).

Ce jumelage devrait être aussi l’occasion de nous rappeler que « l’utopie » du projet n’est toujours pas aboutie puisque était prévu que la gare de Louvain-la-Neuve soit reliée avec celle de Leuven par une prolongation de la voie ferrée! Gageons que ce jumelage permettra de relancer ce projet utile tant pour le développement économique durable que culturellement pour nos deux régions !

 

Cedric du Monceau

Economiste

Ancien DG du WWF France

1er Echevin à Ottignies-LLN

Prolongation du nucléaire, la grande désillusion

Prolongation du nucléaire, la grande désillusion

Le fait que les plus grands responsables politiques du monde se réunissaient à Paris pour réagir ensemble afin de freiner et si possible d’inverser la tendance destructive de notre modèle de développement, est en soi porteur d’espérance.

Au-delà de la prise de conscience du danger que notre modèle de développement fait courir à l’ensemble de l’humanité, c’est aussi la démonstration que l’homme est capable d’intelligence collective et révèle un urgent besoin de solidarité planétaire.

Nous habitons un petit vaisseau spatial « la Terre » où l’équilibre de la vie (l’écosystème) est plus fragile qu’on le croit. C’est un peu comme avec notre corps humain, lorsqu’on est en bonne santé, on oublie que celle-ci est fragile.

Nombreux sont ceux et celles surtout parmi les jeunes qui comme moi espéraient que cette conférence donnerait du courage aux politiques pour oser dire la vérité et prendre de vraies décisions afin d’enclencher une nouvelle dynamique plus respectueuse de la vie et de ce qui la rend si belle et si unique.

Quelle ne fut pas notre déception de constater qu’au lieu de prendre ce défi à bras le corps, notre gouvernement fédéral a choisi la solution de facilité : celle de prolonger encore plus de vieilles centrales nucléaires fissurées sans apporter de vision sur un changement du mode de développement.

Depuis l’accident de Tchernobyl et son nuage radioactif qui, selon le gouvernement français, ne franchirait pas la frontière ! (ce qui fut prouvé faux) et la catastrophe de Fukushima, y a-t-il encore suffisamment de citoyens belges pour croire qu’une stratégie pro-nucléaire soit la solution ?

Il faut avoir une confiance aveugle dans la capacité d’un état à gérer sans failles pendant plusieurs centaines d’années une technologie dont on n’a pas encore trouvé de solution pour les déchets alors que chaque jour, nous constatons la défaillance de l’Etat dans sa gestion bien plus simple de bâtiments d’école, de transports en commun, ou du contrôle de nos banques etc…

Pourquoi vouloir prolonger de vieilles centrales alors qu’il n’y a ni les moyens ni la volonté d’investir dans de nouvelles centrales ?

Avouons-le, le gouvernement a acheté la « paix énergétique » avec le fournisseur principal : l’ancien ELECTRABEL (ENGIE).

Il serait temps que nos ministres réalisent que depuis l’OPA de Suez sur la Générale de Belgique, Mr. Mestrallet est devenu le fossoyeur de l’industrie belge en générale et wallonne en particulier.

Contrairement à notre Ministre de l’énergie, les citoyens actionnaires belges, eux, ne lui avaient pas fait confiance car ils avaient tous vendu leurs actions. Ils ont eu raison car, sous sa direction et depuis la fusion GDF-Suez, la valeur boursière de l’entreprise a baissé de 60%.

Mr. Mestrallet est l’exemple de grands patrons qui, malgré leur destruction de valeur actionnariale, se maintiennent au pouvoir envers et contre tout. Comme il l’avoue lui-même il est « rassuré » depuis que cet accord est signé. Croyez-vous sincèrement que le citoyen belge doit l’être ?

Le Ministre de l’Environnement du pays voisin le plus proche de Tihange, la Rhénanie-Westphalie, ne l’est certainement pas puisqu’il déclare « le gouvernement belge joue à la roulette russe ».

Le défi du changement climatique comme toute « maladie » nécessite d’oser  se remettre en question et repenser nos modes de fonctionnement. C’est à ce prix qu’on trouvera les solutions pour toujours plus de qualité de vie pour le plus grand nombre.

 

Cedric du Monceau

Economiste

Ancien DG du WWF France

1er Echevin à Ottignies-LLN

Changement climatique : L’opportunité d’une révolution culturelle et l’impérieuse nécessité d’adapter nos constitutions

Changement climatique : L’opportunité d’une révolution culturelle et l’impérieuse nécessité d’adapter nos constitutions

Qu’il est enthousiasmant de voir tant de jeunes se mobiliser pour une plus grande prise en compte par les politiques de  » la fragilité de la vie sur terre  »

Le débat entre climato-sceptique et sonneur de tocsin prédisant l’apocalypse est stérile et ne peut engendrer que crises, conflits, augmentation de l’angoisse et des peurs avec les dérives que nous avons connues qui aboutissent à des dictatures et/ou des guerres ;

Une prise de conscience individuelle et collective non seulement de notre chance de vivre sur une « planète vivante », mais aussi des équilibres fragiles des écosystèmes ayant permis le développement de la vie sur Terre, est essentielle pour créer l’adhésion politique du plus grand nombre pour changer/adapter nos modes de fonctionnement.

L’homme est un être historiquement fragile qui a évolué dans la peur de la nature. Mais aujourd’hui, vu le nombre d’habitants et notre capacité technologique et productiviste, il ne fait aucun doute que nous contribuons à sa destruction progressive ou en tout cas à son appauvrissement graduel.

En effet, peu de gens se soucient de l’accélération de la perte de biodiversité ; il ne s’agit pas seulement de la disparition anodine d’une plante ou d’un animal fut-il aussi attendrissant que le Panda, mais de la perte d’un patrimoine (d’un capital) génétique qui a mis des milliards d’années à constituer la « Terre vivante » telle que nous la connaissons et dont l’être humain est un des maillons. Oui, ce n’est qu’en prenant conscience à la fois de notre fragilité, mais aussi de notre immense puissance collective et individuelle d’autodestruction ou de capacité de création que nous pourrons ensemble mettre en œuvre les solutions d’un monde durable.

Notre monde a besoin de cette révolution culturelle par une prise de conscience que nous sommes tels des passagers sur un fragile vaisseau spatial dans l’immensité de l’univers vide de toute vie aussi riche et diversifié que sur notre Terre.

Contrairement à ce qui nous a été enseigné et ce que prône Donald Trump, Président des États Unis dans les négociations internationales, ce n’est pas plus d’esprit de compétition qu’il nous faut, mais plus de coopération afin d’identifier et de mettre en œuvre des modes de vie durable (Voir note sur l’hégémonie du dollar et besoin de plus de multilatéralisme  pour faire vivre les démocraties http://www.leap2020.net/wp-content/uploads/2018/docs/Euroland_LEAP_20180703.pdf)

Les élèves et les enseignants ont raison de se mobiliser, car c’est bien une révolution culturelle qui est nécessaire.

Le généticien Albert Jacquard dans un merveilleux livre  » à toi qui n’est pas encore né  » l’explique très bien en disant à son arrière petit-fils : ton plus grand défi sera de bien utiliser toutes les découvertes scientifiques qu’en si peu de temps nous avons faites et qui donnent aujourd’hui à l’homme une immense capacité de destruction ou de construction; mais rajoute-t-il, ton plus grand ennemi sera toi-même et en particulier ton bulbe rachidien (le cerveau primaire, celui des réflexes et en particulier celui de la peur), car lui n’a pas eu le temps d’évoluer aussi rapidement que nos découvertes scientifiques. Depuis des millénaires, il a appris à avoir peur de la nature or aujourd’hui, l’homme avec tous ses savoirs a acquis la puissance quasi absolue de destruction et de création, qu’il attribuait souvent aux dieux.

Nous savons tous que « l’homme peut être un loup pour l’homme », mais l’homme est aussi capable du meilleur et en particulier d’intelligence pas seulement cérébrale, mais aussi du cœur ; c’est cette énergie qu’il nous faut saluer dans cette manifestation « gratuite » pour le climat, car elle en appelle de manière non-violente à une accélération de la prise de conscience du besoin de cette révolution culturelle, mais aussi de notre grande responsabilité tant individuelle que collective.

Pendant un certain nombre d’années, au WWF France, j’ai pris le maquis d’un système qui imaginait qu’une croissance illimitée serait souhaitable alors que nous vivons dans un monde qui par définition est limité, cela me semblait absurde ; heureusement nous sommes de plus en plus nombreux à le penser.  D’ailleurs, depuis le début des années 1980 (dans nos pays), nous vivons en crise perpétuelle soi-disant par manque de croissance ! Il nous faut changer d’indicateur de performance en utilisant par exemple l’IDH (Indice du Développement Humain) tel que proposé par l’OCDE et l’empreinte écologique et l’indice Planète Vivante tel que publié chaque année par le WWF international.

Par ailleurs pour la survive de nos démocraties, il nous faut urgemment inscrire le droit à un environnement sein dans nos constitutions ainsi que dans nos traités internationaux afin que toute politique s’inscrive dans le respect des grands principes de la vie sur Terre. En cela, je salue les propositions qui sont faites par le groupe d’experts pour une loi sur le climat et en appelle à la création d’états généraux pour la révision de notre constitution.

 

Cedric du Monceau

Ancien DG du WWF France

1 echevin à OLLN