Prolongation du nucléaire, la grande désillusion

Prolongation du nucléaire, la grande désillusion

Le fait que les plus grands responsables politiques du monde se réunissaient à Paris pour réagir ensemble afin de freiner et si possible d’inverser la tendance destructive de notre modèle de développement, est en soi porteur d’espérance.

Au-delà de la prise de conscience du danger que notre modèle de développement fait courir à l’ensemble de l’humanité, c’est aussi la démonstration que l’homme est capable d’intelligence collective et révèle un urgent besoin de solidarité planétaire.

Nous habitons un petit vaisseau spatial « la Terre » où l’équilibre de la vie (l’écosystème) est plus fragile qu’on le croit. C’est un peu comme avec notre corps humain, lorsqu’on est en bonne santé, on oublie que celle-ci est fragile.

Nombreux sont ceux et celles surtout parmi les jeunes qui comme moi espéraient que cette conférence donnerait du courage aux politiques pour oser dire la vérité et prendre de vraies décisions afin d’enclencher une nouvelle dynamique plus respectueuse de la vie et de ce qui la rend si belle et si unique.

Quelle ne fut pas notre déception de constater qu’au lieu de prendre ce défi à bras le corps, notre gouvernement fédéral a choisi la solution de facilité : celle de prolonger encore plus de vieilles centrales nucléaires fissurées sans apporter de vision sur un changement du mode de développement.

Depuis l’accident de Tchernobyl et son nuage radioactif qui, selon le gouvernement français, ne franchirait pas la frontière ! (ce qui fut prouvé faux) et la catastrophe de Fukushima, y a-t-il encore suffisamment de citoyens belges pour croire qu’une stratégie pro-nucléaire soit la solution ?

Il faut avoir une confiance aveugle dans la capacité d’un état à gérer sans failles pendant plusieurs centaines d’années une technologie dont on n’a pas encore trouvé de solution pour les déchets alors que chaque jour, nous constatons la défaillance de l’Etat dans sa gestion bien plus simple de bâtiments d’école, de transports en commun, ou du contrôle de nos banques etc…

Pourquoi vouloir prolonger de vieilles centrales alors qu’il n’y a ni les moyens ni la volonté d’investir dans de nouvelles centrales ?

Avouons-le, le gouvernement a acheté la « paix énergétique » avec le fournisseur principal : l’ancien ELECTRABEL (ENGIE).

Il serait temps que nos ministres réalisent que depuis l’OPA de Suez sur la Générale de Belgique, Mr. Mestrallet est devenu le fossoyeur de l’industrie belge en générale et wallonne en particulier.

Contrairement à notre Ministre de l’énergie, les citoyens actionnaires belges, eux, ne lui avaient pas fait confiance car ils avaient tous vendu leurs actions. Ils ont eu raison car, sous sa direction et depuis la fusion GDF-Suez, la valeur boursière de l’entreprise a baissé de 60%.

Mr. Mestrallet est l’exemple de grands patrons qui, malgré leur destruction de valeur actionnariale, se maintiennent au pouvoir envers et contre tout. Comme il l’avoue lui-même il est « rassuré » depuis que cet accord est signé. Croyez-vous sincèrement que le citoyen belge doit l’être ?

Le Ministre de l’Environnement du pays voisin le plus proche de Tihange, la Rhénanie-Westphalie, ne l’est certainement pas puisqu’il déclare « le gouvernement belge joue à la roulette russe ».

Le défi du changement climatique comme toute « maladie » nécessite d’oser  se remettre en question et repenser nos modes de fonctionnement. C’est à ce prix qu’on trouvera les solutions pour toujours plus de qualité de vie pour le plus grand nombre.

 

Cedric du Monceau

Economiste

Ancien DG du WWF France

1er Echevin à Ottignies-LLN

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *